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Dakhla, le 25 octobre 2009
Au pied des dunes de MERGOUZA nous ne trouverons pas « le Petit Prince », mais une nuit magnifiquement étoilée. Un ciel pur. Exempt de toute pollution lumineuse. Le rêve de tout astronome amateur. Jupiter, les magnifiques Pléiades sont au rendez-vous dès le début de nuit.
C'est dans la cour de l'auberge « La Source », que nous passons deux journées. Omar, Saïd, Hassan ont tout mis en œuvre pour nous être agréables.
Deux jours + deux repas = 250 Dh (22€). Vous pouvez y aller : le cadre, l'accueil et la table sont très bons. Nous prenons la direction plein ouest.
Nos amis Michel et Bernadette sont du côté d'Agadir, nous pensons les rejoindre d'ici quelques jours pour traverser ensemble le Sahara Occidental et la Mauritanie. La grande transversale, aujourd'hui goudronnée, qui relie les plus majestueuses palmeraies du Sud marocain, à savoir le Tafilalet et le Draà, déroule son ruban d'asphalte dans un paysage aride et chauffé à blanc – 42°C - . Seuls quelques gommiers, à moitié étêtés par les assauts ravageurs des dromadaires, procurent aux « beldis » attendant un taxi au bord de la route une ombre clairette pour supporter la chaleur.
A propos de taxis, notre camion leur est régulièrement proposé. Ils acceptent toujours avec beaucoup de plaisir. C'est ainsi que jeunes « gazelles » ou « gazous », anciens berbères nous racontent leur vie... Dureté du sol, âpreté du climat, une fois de plus, l'homme ne semble être ici que pour un court moment de son histoire.
La route n°12 -en assez bon état- file, interminable (jusqu'à l'Atlantique 800 km plus loin) longeant des formations géologiques disposées en forme de proue de bateau. Le grès qui fut sable redevient sable.
Sur notre droite le djebel Saghro dresse ses pitons noirâtres vers le ciel comme des sentinelles de la préhistoire. A première vue le Saghro semble impénétrable. Pourtant,de toutes parts, des fragments de pistes poussiéreuses biffent la peau rugueuse et noire de la montagne, sans que l'on puisse définir avec précision celle qui nous conduira à bon port.
Ce soir dans la palmeraie d'Agdz , tandis que j'écris, les moustiques me mangent. Je mange les dattes qui sont à portée de bras... ainsi va l'écosystème !
Dans ce désert minéral, parsemé de mines de cobalt et même d'or, TAROUDANT la belle, s'annonce par une vallée verdoyante. Au pied du djebel Toubkal la chaleur devient étouffante. Les oueds qui dévalent les pentes donnent toute la sève nécessaire aux arbres fruitiers. Grande effervescence lors de notre arrivée à Taroudant : Sa majesté Mohamed VI est présent. Ville impériale ? Peut-être. Bien aussi belle que Marakkech derrière ses 8 km de remparts vieux de quatre siècles. Un souk très agréable. Bien à l'abri des puissants rayons du soleil, la déambulation pourrait durée des heures si la vue de jus d'oranges pressées ne vous détournaient pas de celle-ci. Nous bivouaquons sur un trottoir, au pied de la porte Jhermel.
J'oubliais la rencontre, au Tizi (col, en français) n'Ikhazane, d'un berbère lors d'une pause déjeuner. La solitude du lieu est propice aux confidences.. Lorsque je lui demande s'il a un rêve, il répond, tout de go, être là parce qu'il y passe quelques touristes et qu'un jour il trouvera sa femme. Une française, blonde bien sûr. « Tu sais, me dit-il, ta femme est tri joulie, et... ». Nous n'avons pas conclu le marché proposé. Il n'a que des cailloux à m'offrir. Opales, améthystes et autres merveilles ont d'ailleurs changées de mains. Je ne peux lui refusé quelques bisous... il en use et même abuse au grand dam de Joce !!! Instants sincères, touchants. Bonne chance l'ami !
L'océan est là. Agadir aussi, totalement reconstruite après le terrible tremblement de terre de 1961. Agadir ? c'est le Miami marocain. Un condensé de tout ce que nous détestons : business, arnaques, tourisme de masse, côte bétonnée, Mac'Do & Co. Nous passons très vite. Maroc aux contrastes violents.
Après les jeans ultras moulants portés par les jeunes filles de la côte atlantique, ici du côté de TAFRAOUTE « ya de la burka dans l'air ! ». A notre approche les voiles se referment encore davantage. La peur des photos ? La peur du regard de l'homme ? Peut-être les deux. Pourtant si Joce tente l'abordage de cet amas noir, magnifiquement coloré de franges brodées, la main retombe avec le voile qu'elle retenait. On découvre un visage -parfois magnifique, attrayant- barré d'un large sourire, la langue se délie à vitesse grand V. Nous n'y comprenons rien. Alors c'est le fou rire.
Fatima, derrière le mur de sa « maison-prison », nous aperçoit bavardant avec l'un de ses fils. Elle nous invite, par personne interposée, à boire le thé. Abdéraman, son époux, revient du travail quelques instants plus tard. Tous parlent assez bien le français. De thé en thé nous finirons au couscous puis le café. Abdé est agent de sécurité. Son salaire mensuel est de 1200 Dh (110€). Trois heures plus tard, en quittant cette famille, Joce invite Fatima à boire le thé pour le lendemain au camping. Impossible ! « Mon mari ne m'autorise pas à sortir. » C'était donc bien sa « maison-prison ».
Le crépuscule rougit le sommet des chaos rocheux alentours.
Au loin le muezzin entame la... , je ne sais plus combien, première prière du soir.
Il fait nuit noire, au loin le muezzin entame la...x° prière de la nuit.
Tout est calme.
TAFRAOUTE et ses environs sont des petites merveilles. Paysages chaotiques, grandioses. Palmeraies, comme dans les gorges d'Aït Manssour, apportent la touche verdoyante à cette région très aride. La dernière pluie date de mars... Les berbères n'importunent pas le voyageur, mais saluent et discutent fort aimablement. Nous apprenons beaucoup de cette culture. Nous y restons une huitaine de jours, pour raison de « CASE des ECOLIERS »...
Nous continuons notre route, en compagnie de Bernadette et Michel depuis Sidi-Ifni en direction du Sahara Occidental (Chipie a retrouvé Papaye...). Tiznit, par la RN104 puis Guelmin, Tan-Tan, Tarfaya, Laayoune par la RN1 nous ouvrent leur merveilleuse portes. Nous sommes à hauteur des Iles Canaries. Puis Boujdour.
L'horizon c'est élargi. Nous glissons entre les dunes. Le relief s'estompe. Les poteaux électriques qui jalonnent la route disparaissent. L'horizon n'est plus qu'une ligne plate. En même temps que les mirages se multiplient notre rêve prend forme.
Au bout d'une lagune : Dakhla (prononcez Darrela), la belle du désert, se repose sur le tropique du Cancer.
Sur l'asphalte nous doublons beaucoup, beaucoup, beaucoup plus fou que nous ! Helen, une jeune anglaise partie seule de Londres, en vélo, et qui va... au Cap de Bonne Espérance. Vous pouvez suivre son périple sur : http://www.takeonafrica.com/
La Mauritanie est en vue... mais ceci est une autre histoire.
Toutes les PHOTOS de « MAROC 2 » sont ICI
