De Dar-es-Salaam, le 19.11.2010
Nous sommes à ses pieds. Il est là à quelques kilomètres seulement, mais à 8 jours de marche tout de même. Son sommet perché à 5895m totalement invisible, pour l'instant, se dégagera dans les heures ou dans les jours à venir. Patience ! Nous verrons les neiges du Kilimandjaro, le géant africain !
L'entrée en Tanzanie se fait en 1h et demie, visa (50$/personne), permis de circuler (25$) et l'assurance véhicule pour 3 mois (70$). Nous ne savons pas trop pourquoi nous sommes assurés, mais c'est obligatoire. Un tampon sur notre carnet A.T.A. Et nous voilà tranquille. Pas pour longtemps ! Ici les check-points de police sont dans tous les villages. Parfois les radars veillent à la vitesse ! Mais de qui ??? Si vous vous n'aimez pas la roulette russe, il ne faut pas prendre la route en Tanzanie. Bus, camions, taxi et tous les véhicules en général roulent à fond sur l'accélérateur. Une côte ? Un virage ? Une ligne continue ? Pas de problème, on te double, mais surtout on ne craint pas le face à face. Tu roules tranquille à 50 dans les villages, tous te dépassent et te laissent sur place. Et des bus ou des camions on n'en voit aucun arrêter par la police. Alors nous pensons souvent à notre ami Gérard, qui a traversé ce pays en vélo, ce devait être l'enfer !!! Ah ! Gérard tu as dû les serrer les fesses ? Nous serons respectueux des panneaux de limitation... lorsqu'il y en a. A propos de panneau, la plupart sont écrit en Swahili, une langue véhiculaire et commerciale née au Mozambique il y a quelques siècles et répandue sur tous les pays d'Afrique de l'est. Siku njema ! (bonjour) pour lire et comprendre ce sera dans une autre vie, et dire que nous parlions couramment (enfin presque) l'anglais...
Premier arrêt à Kuyutu au « Bongo-camp ». Un petit camping associatif local, sympa, accueillant, qui donne une bonne image des tanzaniens.
Puis direction Dar (Dar-es-Salaam) ex-capitale du pays, mais ville et port restent les plus importants. Dodoma n'étant que la capitale administrative. Une première étape à Iringa, ville moyenne très animée, où nous séjournons 2 jours au River-Side à 10 km de la sortie de ville. Puis une seconde étape, où le hasard nous mène jusqu'à l'Acropol-hostel, à Morogoro. Ici pas de camping, mais une patronne très accueillante qui nous installe dans la cour et nous offre toutes les commodités gracieusement. Nous prenons un verre sur la terrasse, lorsque nous sommes interpellés en français ! Malgré le fort accent québécois nous avons reconnu notre langue maternelle, que du bonheur d'entendre du « Molière ». L'heureux hasard nous accompagnant depuis le début de notre voyage, la conversation nous amène à parler de notre recherche de shipping pour notre retour en France, aussitôt Johanne et Paul, nos deux canadiens, nous proposent l'aide de leur ami pour nous conseiller au mieux de notre sécurité et de notre bien-être. Leur ami est premier secrétaire de l'ambassade de France à Dar. Bon plan !
Dès notre arrivée à Dar nous entrons en relation avec l'ambassade qui nous réserve un très bon accueil. Il nous assure que c'est une bonne idée de prendre un bateau pour le retour, qu'à présent le golfe d'Aden est bien sécurisé par une patrouille permanente de la « Force européenne ». Si nous voulons partir de Dar il nous fournira les adresses de transitaires honnêtes (parlant français) pour préparer ce retour. Nous acceptons en bloc sa proposition.
En attendant que les élections présidentielles soient terminées (le 30 octobre), et que le calme soit revenu, nous finirons notre voyage aux pieds du Kilimandjaro.
La route qui nous y conduit passe d'abord par la côte de l'océan indien. Nous y trouvons une eau chaude, très chaude, proche de 35° aucun frisson lorsqu'on s'y plonge. Par endroit la mangrove borde d'émeraude la côte indigo. Les embarcations de pêcheurs, creusées dans des arbres et emportées par une voile triangulaire, comme au début de notre ère, vont, viennent, dégréent, prennent le vent pour Zanzibar ou seulement pour quelques miles jusqu'au premier banc de poissons. Puis la route, la seule qui soit praticable, nous ramène à l'intérieur des terres. Les champs de sisals abondent et remplacent les champs de théiers. Sur des centaines de kilomètres il n'y a que ces plantes dont la Tanzanie est le principal producteur.
Plus nous nous enfonçons à l'intérieur du pays, plus il y a de nuages. La saison des pluies approche. Et çà, ce n'est pas bon pour voir le Kili.
Deux jours déjà que nous tournons autour de ce géant. Les nuages doivent être à 2000 mètres, environ, et pour l'instant ils sont scotchés à ses flancs. Nous en profitons pour flâner dans les villages environnant. Les plus jeunes des tanzaniens parlent l'anglais aussi bien que nous, alors nous échangeons un peu. Et puis il y a Chipie. Une vedette ici ! Ce matin un jeune homme nous a suivi sur des centaines de mètres en ayant d'yeux que pour elle. Il a fini par nous dire que c'était bien elle qui était passée à la télé dans une pub ! Tout le quartier est au courant. Mais Chipie garde la tête froide ! Au fait Chipie en a marre !!! Marre de la route, de ses ralentisseurs, de ses nids de poules... marre ! Alors pour monter dans la cam' il faut la hisser, la traîner, la porter.
Troisième jour, 18h05. Le soleil se couche dans dix minutes. Un cri retentit : le Kili !!! Précipitation sur l'appareil photo, petite course de 30 mètres. Il est puissant ! Aérien ! Énorme ! Un vrai géant ! Les nuages sont entre pied et tête ce qui le grandit davantage, peut-être. Le plaisir est de courte durée, aujourd'hui, mais c'est de bon augure pour demain et les jours à venir.
Nous en profitons 3 ou 4 jours un peu le matin, un peu le soir. C'est bien.
Nous ne rencontrons pas de français depuis bien longtemps. Des sud-africains, des namibiens, des australiens, des hollandais, des suisses et... et Kamelia accompagnée de Todor son mari. Kamelia est bulgare, de Ruse -nos enfants et notre ami Kholl savent bien où le situer- son français, pour avoir vécu à Marseille, est parfait. Alors soirée blablabla et blablabla, parce que nous la Bulgarie on connait et on aime les bulgares ! Même les Roms, Nico !!! Que de bons souvenirs qui défilent ! C'était hier, c'était il y a vingt ans. Bonne chance Kamelia, bonne chance Tudor dans votre quête de vie meilleure.
Autre lieu... autre rencontre ! Du côté de Pangani, sur la côte océane, Claire et Georges au volant d'un cousin à notre cam'. Un 4x2 Peugeot. Ils viennent d'Angers mais son passés par l'est : Turquie, Syrie, Jordanie, Egypte, Ethiopie... et Tanzanie. Et qu'avons-nous fait ? Blablabla, et re-blablabla ! Échange de bonnes adresses, puisqu'ils empruntent, jusqu'au Cap, la route que nous venons de faire. Quelques langoustes sont partagées ainsi que le Pastis... Merci Claire et Georges d'avoir si bien partagé avec nous. Bonne continuation et à bientôt en France... inch'Allah !
Standby, dans la proche banlieue de Dar-es-Salaam, au Silver Sand Campsite. Notre base pour préparer le come-back français. Comme site il y a pire ! L'eau turquoise de l'océan indien à nos pieds, les alizés, bien que chauds rafraîchissent en permanence la chaleur ambiante. Nous ne dépassons pas les 40° en journée et les nuits sont bien supportables à 25°.
Nous approchons donc de la fin de ce voyage. Une étape de plus, avant d'autres j'espère, et qui nous rapproche du grand voyage en « terra Incognita ». Ce voyage que tout être s'offre un jour. Ce sera pour plus tard.
Nous arrêtons donc ici, sans autre issue de sortie. Continuer plus au nord est impossible, deux pays nous barrent la route : l'Ethiopie ne délivre plus de visa qu'à... Genève ou Paris, et l'Egypte qui ne délivre pas de visa pour les voyageurs venant du sud... Nous voulions rentrer par mer, j'aime beaucoup les départs et les retours en douceur, mais aucune compagnie maritime n'accepte de passagers à cause de la piraterie en pleine expansion dans le golfe d'Aden et maintenant sur les côtes kenyane et tanzanienne (nous avons rencontré le Consul de France qui nous l'a confirmé). Notre camionnette embarquera, en « ro-ro » fin novembre pour arriver à Marseille mi-décembre, quant à nous ce sera l'avion jusqu'à Lyon, via Zurich. Et Chipie ? Avec nous, dans le vol Swissair qui accepte les toutous.
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