De Cotonou au Bénin le 26.02.2010
(N'oubliez pas de cliquer sur les mots en couleur, pour plus de détails)
Sur le bord du Golfe de Guinée, je me suis assis, et j'ai pleuré. J'imagine les millions de noirs qui sont passés sur cette piste. Puis leur trois semaines enchainés dans des cases. Entassés, en plein soleil. Sans nourriture. Les survivants, donc les plus sains franchissent cette plage du non-retour. Ici. A Ouidah ou ailleurs dans le golfe. Les esclaves sont capturés dans la savane, à l'intérieur des terres, par des chasseurs à la solde de chefs africains -je dirais de « rois-nègres »-. Chassés comme des bêtes sauvages. Emmenés jusqu'aux comptoirs européens de la côte, d'où ils partent vers les plantations des Antilles, du Brésil et de la Louisiane.
Au cours des quatre siècles de ce commerce, douze millions d’Africains sont victimes de ce trafic de vies humaines. Le premier grand royaume à tirer profit du commerce des esclaves fut le Bénin, dans l’actuel Nigeria, fondé au XIIe siècle. Vers la fin du XVIIe siècle, le Bénin fut supplanté par les royaumes du Dahomey et d’Oyo.
À la fin du XVIIIe siècle, les sociétés philanthropiques britanniques s’opposèrent au commerce des esclaves. À la suite de la décision Mansfield, qui avait libéré les esclaves au Royaume-Uni en 1772, des projets furent établis pour la création d’une colonie d’esclaves libérés en Afrique occidentale. La première tentative (1787-1790) dans la baie de Saint-Georges (en Sierra Leone) fut un échec. Une seconde tentative, lancée par les abolitionnistes, aboutit à la fondation de Freetown, dans la même région (1792). L’exemple de la Sierra Leone attisa l’intérêt des libéraux américains et, au début de 1822, une société philanthropique américaine, l’American Colonization Society, fonda sa propre colonie du Liberia.
C'est la fin de la traite « négrière » ! Non.
Aujourd'hui, là, maintenant, le Bénin et le Nigéria s'associent pour lutter contre la traite de leurs enfants vers d'autres pays d'Afrique centrale. Ce n'est pas un cauchemar. Mais la triste réalité rappelée par des affiches le long des routes...
Enfin, dans certaines régions du monde (Soudan, Mauritanie....), aucune convention internationale n'empêche le maintien et la pratique permanente de l'esclavage.
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Après 3 ou 400 km sur les routes du Bénin enfin un contrôle de gendarmerie ! C'est vrai que cela nous manquait un peu. « Bonjour Pépé, oh ! Je ne t'avais pas vu. Bonjour mémé. » Bon là on est un peu vexé. Je leur dit qu'on préfère Papa et Maman. « Non, tu as l'âge du grand respect ». Bon, si c'est comme çà, va pour Pépé. « Tu viens d'où ? ». De France ! « Avec ton véhicule ? Ce doit être très dur ! » Blablabla... « Et tu ne me demandes pas où je vais ? ». « Si, si je te le demande ». « En Afrique du Sud ». Temps mort. « Ouahouuu ! ». Redressement des gendarmes. Garde-à-vous. « Lèves la barrière !! » crie-t-il à son collègue. Et voilà les contrôles policiers au Bénin. A la frontière ce fut tout aussi agréable et rapide. C'est une première depuis que nous sommes en Afrique.
Deux jours aux abords et dans les cascades de Keta nous ont revigorés. Quel bonheur ces piscines naturelles ! L'eau, à bonne température, ne saisit pas notre organisme brulant, mais lui redonne de l'énergie. Une cure de jouvence, pour nous et Chipie. Inutile de la forcer, elle se précipite dès qu'elle sent la fraicheur à proximité. Elle se dandine dans l'eau, nage, en sort. Cinq minutes sur un rocher au soleil brûlant. Elle plonge à nouveau et recommence. Nous avons le même rythme. Dans la journée nous verrons quatre personnes. Et la nuit ? Aucune. Nous sommes très étonnés de n'entendre aucune bête. En pleine forêt, à proximité d'un point d'eau aucune vie animale. Ni oiseau, ni petit ou gros mammifère. Même pas d'insecte. Au matin nous inspectons les abords des piscines naturelles. Aucune empreinte. Cet absence de faune nous étonne depuis le Sénégal. A qui, à quoi est-ce du ? Les populations locales n'ont pas d'explications convaincantes.
Parakou, au centre du pays. Cet après-midi nous nous rendons à la ferme Songhaï, un modèle d'agriculture durable pour l'Afrique. Une dizaine de centres existent sur le Bénin. Ce sont des fermes-écoles ouvertes à tous les pays d'Afrique. Tous les produits sont bios. Transformés sur place -en confitures, jus de fruits...-, ils sont proposés à la vente ou donnés en nourritures aux animaux de la fermepour ce qui est du maïs, du sorgho... Les fraises de ce matin étaient délicieuses. Visite incontournable pour qui s'intéresse à l'écologie et à l'agriculture. Ici personne ne veut entendre le nom de Monsanto... et c'est heureux !
Notre bivouac sur ces 250ha est un pur bonheur.
Abomey et ses dix palais royaux constituent une belle fresque de l'art Fon. Bien que nous soyons au XXI° deux rois y mènent une lutte fratricide. Depuis des décennies. Le sang a encore coulé récemment. Une lueur d'espoir point. Dans les jours prochains ils seraient d'accord pour signer « la paix », et ratifier un arrêté communal... Abomey c'est aussi une ex-colonie française. De beaux quartiers le rappellent, comme le casernement des français où nous déjeunons.
A Cotonou, nous retrouvons nos co-équipiers, Bernadette et Michel accompagnés de Papaye. Chipie saute de joie pour ses retrouvailles. Gérard, vous savez le fada qui descend à Cape-Town en vélo, se joint à nous pour passer le Nigéria. Impossible, mais aussi dangereux, de traverser ce pays en vélo et seul en six jours. C'est la durée du visa que les autorités nigérianes délivrent. Alors le matériel sur le toit et le bonhomme dans notre cam' !
Nous préparons scrupuleusement ce bout de chemin– itinéraire, points de repos pour les nuits, révision matos et passagers - qui est le hall d'entrée vers l'Afrique centrale ou équatoriale. Et de ce fait nous disons au-revoir -Inch'Allah- à l'Afrique occidentale.
Ah ! Un dernier mot sur le Bénin (enfin pour aujourd'hui) : si au Burkina la reine de la route c'est la « petite-reine », ici la Peugeot 404 est en pleine gloire, suivie de près par les gros Berliet. Il y a de très beau spécimens !
Fin de la première partie de « CapOcap ».